Autre sujet éminemment politique : le couple, au cœur de Démons, la pièce du Suédois Lars Norén, montée de manière origniale et participative par Lorraine de Sagazan
Le Monde, Fabienne Darge

Invitation à une scène de ménage perverse et glaçante. (…)A travers le choix d’un dispositif bifrontal – plaçant le public au plus près de l’action -, Lorraine de Sagazan s’inspire librement de cette situation de départ pour faire de chaque spectateur un invité privilégié et le témoin effaré de ce huis clos dévastateur.»
Les Inrockuptibles, Patrick Sourd

Le texte de Lars Noréen, elle l’a resseré, adapté. Surtout, elle a eu une idée lumineuse. (…) Au lieu d’inviter chez eux leur seul couple de voisins, c’est le public tout entier qu’ils prennent  à partie. Et ça marche merveilleusement. Les scènes d’impro se multiplient. Antonin alpague les spectateurs (…) Il en fait tellement trop, bavard, survolté, faussement sympathique, prenant tous les risques, que le malaise devient palpable, écrasant, que cet exhibitionnisme gêne affreusement, prenant d’horribles couleurs. Ainsi réchappée la pièce de Lars Norén  prend fortement sens. Bravo.
Le Canard enchainé, Jean-Luc Porquet

La pièce qui grâce au bouche à oreille fait le plein, c’est Démons de Lars Lorén, dans la mise en scène très particulière de Lorraine de Sagazan. (…) Les deux acteurs, Lucrèce Carmignac et Antonin Meyer Esquerré sont stupéfiants de naturel (…) Derrière ceux qui très tôt ont prouvé qu’ils avaient du talent et de l’audace : Julien Gosselin, Thomas Jolly, Jeanne Candel, Samuel Achache, Julie Deliquet, la relève est déjà prête. L’expérience de ce Démons est bluffante, pas question de dévoiler ici le secret de cette mise en scène, mais ce qui est certain c’est que le public explore avec les acteurs un nouveau territoire du théâtre.
France info, Thierry Fiorile

Démons un spectacle librement et astucieusement inspiré de la pièce de Lars Noren. (…) Un couple qui, pour survivre, a besoin d’échappatoires, il va en trouver de surprenants via le jeu des excellents acteurs, d’autant plus surprenants qu’ils sont imprévisibles. Le spectateur est, littéralement, aux premières loges. Un part pris qui relance les dés de la pièce, beau travail.
Médiapart, Jean-Pierre Thibaudat

L’excellente surprise est venue de Lorraine de Sagazan, issue du Studio-Théâtre d’Asnières qui a dynamité Démons, de Lars Norén, que même Ostermeier avait trop sagement respecté. En faisant des spectateurs les invités d’un couple en crise, elle interroge de façon particulièrement déstabilisante, désopilante aussi et poignante l’amour qui se cogne au réel.
Théâtre(s), Nadja Pobel

Une adaptation d’une intelligence remarquable, servie par des comédiens surdoués.  (…) Les deux comédiens sont sur scène comme dans une performance thérapeutique, jouant de la situation et des conditions de la représentation avec un talent éblouissant. (…) La capacité d’improvisation dont font preuve Lucrèce Carmignac et l’exceptionnel Antonin Meyer Esquerré est sidérante. Les répliques fusent comme des exocets, les fleurets ne sont pas mouchetés, et les changements de ton et d’adresse ainsi que l’adaptation aux réactions de la
 salle sont maîtrisés avec une aisance éblouissante. Le public est pris à partie et est placé dans cette pénible situation de captivité affective qui caractérise la compagnie de la névrose, sans que jamais ne soit complètement anéanti le pacte théâtral, évitant ainsi les pièges du happening mélodramatique et vain. (…) Les comédiens réussissent le tour de force de donner l’illusion de la vie en maintenant les conditions du théâtre : l’effet est hallucinant ! Mieux encore que les affres du couple, cette proposition élucide brillamment ceux de la folie, établissant l’évidence, souvent douloureuse à admettre, que ses témoins en sont souvent les complices. Si l’intelligence dramaturgique et théorique est patente, la mise en scène et le jeu révèlent, avec ce spectacle, le talent fertile de jeunes gens prometteurs et diablement virtuoses.
La Terrasse, Catherine Robert

Dans ce Démons, le public n’est pas roi. Comme le couple qu’il remplace, il est invité non pour son bon plaisir, mais pour partager un peu de la monstruosité de Lucrèce et d’Antonin. Et pour tromper leur ennui. Lorraine de Sagazan a pour cela accentué la mise en abyme présente dans le texte de Norén, mais de manière implicite. (…) Tous les deux sont charmants. Atroces, mais charmants. Ils peuvent alors tout se permettre. (…) Leur improvisation se coule dans le texte de Norén avec un naturel aussi désarmant que les petites danses d’Antonin sur des tubes italiens. (…) Le théâtre ne serait-il qu’un grand malentendu ? Sans la formuler, Lucrèce et Antonin posent cette question. Le plaisir que nous procure leur Démons répond à leur place : tout dépend dans quelle intention il est fait. Sur quelle pensée du collectif il repose.
Time Out, Anaïs Héluin