Le Silence

« Dans les silences, on peut dire tant de choses. », déclarait Michelangelo Antonioni. Pionnier du cinéma moderne, il reste un auteur majeur du monologue intérieur.

Pour sa première mise en scène à la Comédie-Française, Lorraine de Sagazan relève le défi de créer un spectacle sans paroles afin d’explorer en quoi le théâtre peut être le lieu d’expression de l’état intérieur de personnages. Elle ne propose pas ici l’adaptation d’un scénario d’Antonioni, mais une pièce originale inspirée de sa démarche artistique – depuis la tétralogie autour de « la maladie des sentiments » (L’Avventura, La Nuit, L’Éclipse et Le Désert rouge), jusqu’à ses nouvelles et scenarii non réalisés. La pièce agrège des thèmes chers au cinéaste, tels que la disparition, la déréliction des sentiments et l’instabilité de la perception.

La metteuse en scène, pensionnaire de la Villa Médicis en 2022-2023, collabore depuis longtemps avec l’auteur Guillaume Poix, dès 2019 pour L‘Absence de père, une libre adaptation de Platonov de Tchekhov, puis La Vie invisible et Un sacre. Pour ce projet qui ébranle les conventions théâtrales, il a écrit de multiples textes, dont des monologues intérieurs qui ont servi au travail préparatoire des acteurs et actrices.

Ainsi, ils ont créé un spectacle immersif où le public suit l’intrigue non pas grâce à l’interprétation des mots, mais grâce à celle des gestes et des regards, tandis que les moindres détails deviennent d’une éloquence inhabituelle. Au sein d’un dispositif bifrontal, comme dans un long plan séquence avec une unité de lieu et de temps, le spectacle offre aux spectateurs et aux spectatrices la liberté d’opérer leur propre « montage ». Au plus près du plateau, des corps et des visages des interprètes, ils traquent dans les secrets des silences la richesse expressive de leurs paysages intérieurs.

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Revues de presse

Pour son entrée dans le giron de la Comédie-Française, la metteuse en scène fait sécession de la tradition. Exit l’excellence de la diction. Dans ce haut lieu de la profération, elle opte pour le silence des sociétaires.

Joëlle Gayot, Le Monde

Imprégnés de leurs personnages minutieusement écrits, ils déploient toutes les facettes d’une humanité à cran et semblent se consumer sous les yeux d’un public sidéré. Au lourd silence des acteurs répond celui des spectateurs, parties prenantes de ce huis clos mutique dont chaque instant recèle une énigme.

Philippe Chevilley, Les Echos

C’est une petite révolution pour l’honorable Comédie-Française. La metteuse en scène Lorraine de Sagazan propose un spectacle hors-norme inspiré de l’œuvre du cinéaste italien Michelangelo Antonioni. “Le Silence” est une pièce sans texte, sans dialogue, où seuls les corps expriment et racontent.

Thierry Fiorile, Radio France

Quoi de plus violent, de plus intime qu’un silence partagé, qui oblige à l’immersion en soi, à l’absence de masques et de mensonges ? Mais d’ordinaire au théatre on “communique”. Cet insolent specatcle en signe-t-il la mort ? Au contraire.

Fabienne Pascaud, Télérama

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